Catherine Léger, Hélène El Aiba, Fadia Karam, Aude Debreil, Dominique Boré et Dominique Alba. Chacune de ces six professionnelles de l’aménagement, de la promotion immobilière, de l’architecture et de l’urbanisme apporte, chacune à sa manière, sa pierre au projet de développement du Grand Paris.
Par Nathalie Moutarde (Le Moniteur)
Avec une telle feuille de route, Catherine Léger compte sans conteste parmi les principaux acteurs de l’aménagement du Grand Paris. Entre autres projets, la directrice générale de la SPL Plaine Commune Développement pilote la réalisation du secteur du village olympique sur L’Ile-Saint-Denis et celle de deux quartiers de gares du Grand Paris Express (GPE). Le premier, la ZAC des Six Routes, à La Courneuve se composera essentiellement de 1 200 logements ; le second, la ZAC Pleyel (14 ha, 310 000 m2 SP) se développera de part et d’autre de la gare Saint-Denis Pleyel, la plus importante du futur réseau. Cette opération inclut « Les Lumières Pleyel » (176 000 m2), l’un des projets lauréats les plus ambitieux d’Inventons la Métropole du Grand Paris, porté par Sogelym Dixence.
Secteur stratégique du Grand Paris, « la ZAC Pleyel est une opération vraiment emblématique », souligne la directrice générale de Plaine Commune Développement. A ce titre-là, elle doit répondre à tous les enjeux du développement durable : bien sûr, ceux de performance énergétique, d’économie circulaire, de biodiversité…mais aussi à celui de mixité sociale, « un objectif qu’il faut absolument tenir afin de ne pas chasser les populations du territoire », insiste Catherine Léger.
« Développer une métropole où il fait bon vivre, habiter et travailler »
Comme Catherine Léger, Hélène El Aiba, directrice générale adjointe Ile-de-France résidentiel, immobilier géré, AMO et outre-mer d’Icade Promotion, participe à la construction du village des athlètes mais côté Saint-Ouen, sous la direction de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo). De même, elle intervient sur des opérations d’habitat aux abords de gares du GPE : « Nous allons construire une centaine de logements en connexion avec celle d’Issy RER et autant, juste à côté, dans la ZAC Léon Blum, dans le cadre du projet Ôm, lauréat d’Inventons la Métropole du Grand Paris », détaille-t-elle.
Parallèlement, Hélène El Aiba mène des opérations sur toute l’Ile-de-France, principalement dans la zone dense, avec quelques projets phare comme celui de la reconversion de l’ancienne caserne Pion à Versailles. « Ma mission s’inscrit en droite ligne de la raison d’être d’Icade : développer une métropole comportant des lieux innovants, de mixité, inclusifs et connectés, à l’empreinte carbone réduite, où il fait bon vivre, habiter et travailler », résume Hélène El Aiba.
Ancrer d’anciens fonciers ferroviaires dans leurs territoires
Directrice générale d’Espaces Ferroviaires, Fadia Karam pilote une transformation urbaine innovante et responsable des fonciers SNCF : « Notre démarche s’inscrit dans l’ADN du projet du Grand Paris, qui ne vise pas seulement à développer une métropole de rang mondial, rayonnante et attractive, mais surtout à lutter contre l’étalement urbain et à transformer la ville sur la ville ». Filiale (privée) de SNCF au sein de SNCF Immobilier, l’aménageur et promoteur immobilier Espaces Ferroviaires reconvertit des fonciers qui n’ont plus d’utilité d’exploitation, pour les ancrer dans leurs territoires et, ainsi, révéler leur valeur patrimoniale, économique et sociale. Son engagement est fort pour une ville résiliente, durable et inclusive. Cela se traduit à travers la fabrique de quartiers mixtes bas carbone, proposant une offre urbaine et immobilière innovante, avec un habitat et des espaces de travail réinventés. Partout, l’activité d’Espaces Ferroviaires contribue fortement à la production de logements et d’espaces économiques ainsi qu’à la revitalisation des quartiers. Quatre projets sont en cours à Paris – Les Messageries Gare de Lyon-Daumesnil (12ème), Hébert, Ordener-Poissonniers et Chapelle International (18ème), qui totalisent environ 3 000 logements, 200 000 m² économiques et 4,5 ha d’espaces verts – et d’autres projets sont à l’étude dans le Grand Paris, à Nanterre, Saint-Denis, Pantin et Saint-Ouen. « Projet par projet, nous créons un écosystème de coopération et de concertation sur mesure, d’abord avec les collectivités locales, puis avec les riverains et les acteurs économiques, poursuit Fadia Karam. Un point commun avec le projet du Grand Paris, qui constitue un modèle unique de partenariat public-privé à grande échelle ».
« Sénart est une chance pour le Grand Paris »
De son côté, Aude Debreil, directrice générale de l’EPA Sénart, considère que le territoire qu’elle a pour mission de développer « fait complètement partie du Grand Paris » même sans gare du Grand Paris Express. « Nous avons même coutume de dire que Sénart est une chance pour le Grand Paris », ajoute-t-elle. Longtemps spécialisée dans la logistique, l’ancienne ville nouvelle se diversifie aujourd’hui dans l’e-commerce et la supply chain tout en misant sur l’industrie avec, par exemple, un projet d’usine 4.0 mis au point par l’EPA Sénart et le groupe ELCIMAÎ.
« Comme nous disposons de nombreuses réserves foncières, nous sommes potentiellement un territoire de relocalisation d’entreprises de production qui ne pourront pas rester en zone dense, à proximité des gares du GPE notamment, du fait de la multiplication des programmes de logements et de la hausse des valeurs foncières », explique Aude Debreil. Outre la création d’emplois (de l’ordre de 1000 par an aujourd’hui) et la construction de logements, en particulier pour les cadres, la directrice générale de l’EPA se fixe un autre objectif : valoriser l’attractivité du Carré Sénart. « Au titre de notre participation au Grand Paris, nous devons, estime-t-elle, disposer d’une polarité, d’un lieu de destination dans la métropole ».
Des logements de qualité à prix maîtrisés
Occupant des postes ou fonctions moins directement opérationnels, Dominique Boré, présidente de la Maison de l’architecture d’Ile-de-France et Dominique Alba, directrice générale de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) par les conférences qu’elles organisent, les études qu’elles réalisent, les stratégies qu’elles définissent… contribuent elles aussi à l’aménagement du Grand Paris.
Dominique Boré a ainsi installé un webinar donnant la parole à des voix dé(s)confiné.e.s pour réfléchir à la mise en œuvre de la ville résiliente. « Aménager le Grand Paris est une formidable opportunité pour oser construire des logements de qualité en termes de programme et de réalisation, à des prix maîtrisés, desservis par les nouvelles gares du futur métro, près de commerces de proximité, explique-t-elle. C’est aussi aménager l’espace public, notamment pour favoriser les modes de déplacements de tous et en toute sûreté. C’est là où l’on retrouve la notion de ville résiliente, soucieuse du bien-être de chacun ».
Révéler et valoriser les identités locales.
Pour Dominique Alba, qui a piloté la récente étude sur les mutations des quartiers de gares du Grand Paris, « aménager le Grand Paris devrait s’appuyer sur la révélation et la valorisation des identités locales. En prenant appui sur l’histoire et la géographie, sur les liens à tisser entre la ville existante et les nouveaux quartiers, sur la réparation des vieux bâtiments, on donne une place à la mémoire collective et on peut espérer construire des lieux spécifiques et non génériques à l’inverse de ce qui se pratique aujourd’hui », indique-t-elle. La directrice générale de l’Apur considère également qu’à la « ville du quart d’heure » qui privilégie la proximité, il faut associer la ville en réseau, les deux ensembles formant le fil conducteur pour l’aménagement du Grand Paris.
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