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Interview croisée : Région/Métropole


Échanges entre Méka Brunel, présidente du Conseil de développement de la Métropole du Grand Paris, directrice générale de Gecina, et Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président du Conseil régional d’Île-de-France.


Propos recueillis par le Mag


Pour vous, le Grand Paris, c'est quoi ?


MB : C’est l’opportunité de concevoir une métropole au service des citoyens, plus fluide et inclusive. Elle sera plus fluide si nous parvenons à favoriser la mixité des usages : virgule c’est-à-dire la proximité des différents lieux de vie et d’activités. Enfin, le Grand Paris sera une métropole inclusive si nous arrivons à relever le défi de la transition écologique, condition primordiale de la qualité de vie, qui est devenue le combat des métropoles.


JPDC : Le Grand Paris n’est pas seulement une appellation ou une marque. C’est surtout un territoire, celui de l’Île-de-France, de la Région Capitale, dotée d’un rayonnement international et capable de rivaliser avec les autres grands pôles mondiaux, qui conjugue attractivité et qualité de vie.


L'organisation institutionnelle est complexe dans notre région. Qu'est-ce qui vous rassemble ?


JPDC : Cette complexité brouille la perception et la compréhension de l’action publique par les citoyens. Il faut souhaiter que cette crise soit l’occasion d’accélérer la réforme territoriale et de se doter d’un nouveau schéma d’organisation institutionnelle garantissant l’unité nationale, respectueux et adapté aux besoins des territoires. Mettons un terme à une logique jacobine qui étouffe nos collectivités en imposant une réalité unique sans tenir compte de la diversité des territoires. 


MB : Je pense que nous partageons une conviction commune : l’avenir de notre territoire, c’est le Grand Paris. Les problématiques de logement, de mobilité, de lutte contre la pollution, d’attractivité économique se règlent à l’échelle métropolitaine.


Quel est votre analyse de la crise que nous traversons ?


MB : La crise joue un rôle de catalyseur de tendances lourdes déjà à l’œuvre. Depuis quelques années, notre territoire et ses entreprises se sont transformés sous l’effet de la métropolisation, des nouveaux usages rendus possibles grâce à la technologie et de l’urgence climatique qui s’impose à nous. Ensuite, cette crise nous a montré que nous nous insérons, acteurs publics comme privés, dans un ensemble complexe d’interdépendances. L’immobilier de bureau, par exemple, est particulièrement lié aux transports, à l’offre de restauration, à l’offre de garde des enfants et au système scolaire. Nous aurons besoin d’intégrer davantage nos activités dans cette réflexion intégrée.


JPDC : Elle a mis en lumière le sens aigu des responsabilités des élus locaux et l’incroyable agilité des collectivités. Elles ont réussi, malgré des moyens limités par l’État, à répondre aux besoins les plus impérieux de leurs administrés. Le couple région-communes a démontré toute son efficacité et sa pertinence pour l’avenir dans la gestion de cette crise : la région se positionnant au niveau de l’organisation stratégique et les communes ayant su s’adapter aux réalités locales et jouer le rôle d’amortisseurs sociaux du quotidien.

Quelles sont vos recommandations d'actions les plus stratégiques pour l'avenir ?


JPDC : Il y a urgence à repenser notre modèle de développement. C’est une question de survie pour l’espèce humaine ! La relance économique devra être verte ou n’aura aucun sens. Il faudra construire un plan de transformation fondé sur la notion de sobriété et sur les énergies vertes. À défaut, nous prenons le risque de voir se renforcer les inégalités et d’exclure encore davantage les plus modestes, qui sont les plus exposés aux conséquences économiques et sanitaires du dérèglement climatique.


MB : La crise sanitaire est une crise globale, comme l’est le défi climatique. Elle sonne comme un avertissement face à la crise climatique qui arrive. Il faut continuer à renouveler nos modèles de production, d’exploitation mais aussi de consommation. Cette crise nous a également rappelé avec force l’importance de notre logement, lieu d’habitation devenu, pour certains, lieu d’école ou de travail. Le logement est aujourd’hui, encore plus, un enjeu central pour notre territoire et l’offre actuelle de logements ne répond pas aux attentes des habitants en matière de centralité, de flexibilité et d’efficacité environnementale. Il faut continuer à développer une offre de logement locatifs de qualité et accessible dans notre métropole.


Vous connaissez bien le Club Acteurs du Grand Paris. Comment percevez-vous le rôle de notre association ?


MB : Le Club des Acteurs du Grand Paris est un endroit privilégié de réflexions et de partage entre acteurs publics et privés. Ces lieux d’échanges sont importants pour prendre en main l’avenir de notre territoire et faire émerger, grâce à un dialogue vertueux, l’intérêt collectif. Entreprises et pouvoirs publics ont beaucoup à apprendre les uns des autres pour construire le territoire attractif, durable et inclusif que nous appelons de nos vœux.


JPDC : Sa force, c’est d’unir public et privé et de disposer d’une vision à 360 degrés. C’est un véritable atout pour concevoir des propositions innovantes et pragmatiques à l’attention des dirigeants économiques et institutionnels. Ce club est un collectif et nous avons plus que jamais besoin d’unir nos forces pour relever notre pays.


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