Texte de Maurice Leroy, ancien ministre de la Ville et du Grand Paris
Il y a dix ans, le 26 janvier 2011, je signais comme ministre de la Ville et du Grand Paris, l’accord historique créant le Grand Paris Express, avec Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d’Ile-de-France et les présidents des huit départements de la région.
Le Grand Paris Express, c’est le nouveau métro de la région Capitale : 200 km de lignes en rocade autour de Paris, 68 nouvelles gares. C’est le plus important projet d’Europe !
Aujourd’hui, toutes les lignes du Grand Paris Express sont en travaux. Dans dix ans, tout le réseau sera mis en service. 20 ans, c’est long à l’échelle de notre vie quotidienne. Mais c’est si court pour concevoir et réaliser le projet du siècle pour notre pays !
Dès 2007, Nicolas Sarkozy, Président de la République, avait posé la vision d’ensemble du Grand Paris. Christian Blanc, premier ministre en charge du projet, a ensuite élaboré le concept et lui a donné corps, aboutissant à la loi majeure du 3 juin 2010.
Quant à mes équipes et moi, nous avions la responsabilité de faire atterrir, d’ancrer le Grand Paris Express sur les territoires d’Ile-de-France, et de le rendre irréversible.
Il a fallu 73 jours de négociation pour réussir, jours et nuits ! 73 jours pour aboutir à la signature de cet accord historique ! Les vents et les forces, comme souvent dans notre pays, étaient contradictoires. J’ai donc utilisé la méthode « Momo », qualifiée ainsi par mon ami l’architecte Roland Castro.
Qu’est-ce que cette méthode ? Trois piliers : le dialogue, l’exigence et la bienveillance. Deux outils, aussi. Je le disais à mes équipes : « je suis le ministre des burettes d’huile. Une pour mettre de l’huile dans les rouages, l’autre pour ‘mettre le feu’ et faire bouger les lignes. »
C’est là, dans les coulisses de cet accord, qu’est né l’esprit précieux du Grand Paris, un esprit conforme à l’idée que je me fais de la grande et noble politique : dépasser les clivages et les intérêts particuliers, penser le temps long et stratégique, converger, mettre en commun ce qui rassemble et accepter que ceux qui dessinent le plan ne seront pas ceux qui inaugureront le projet.
Le Grand Paris, projet du siècle, disais-je ?
Oui ! Car le Grand Paris Express n’est pas qu’un réseau de transport. C’est l’armature qui va soutenir, durant les décennies à venir, le développement futur de l’Ile-de-France, première région économique européenne dont le PIB est supérieur à celui de la Belgique et qui représente 32% de la croissance française.
« Quand Paris éternue, c’est la France qui s’enrhume » dit le dicton. Et sans tomber dans le parisianisme, chacun comprend l’idée que conforter l’attractivité de l’Ile-de-France, c’est renforcer la compétitivité de la France en Europe et dans le Monde.
Martine Aubry, maire de Lille, et Gérard Collomb, maire de Lyon, avaient bien compris cette dynamique qui organise les strates de la compétitivité française autour de l’attractivité mondiale de Paris d’une part et des atouts de nos magnifiques métropoles régionales de l’autre.
Je rends hommage à mon ami Jean-Paul Huchon, aux signataires de l’accord et d’abord à notre regretté Patrick Devedjian, président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, mais aussi Christian Favier (CD 94), Claude Bartolone (CD 93), Bertrand Delanoë (Paris) et Pierre Mansat, aux représentants des maires Jean-Yves Le Bouillonnec et Jacques JP Martin, à André Santini, président du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris et Etienne Guyot, son premier président du directoire, au préfet Daniel Canepa, à mes équipes… à celles de Jean-Paul et à tous ceux qui ont contribué à cette réussite exemplaire !
J’encourage naturellement nos successeurs d’aujourd’hui ! Et d’abord Valérie Pécresse, formidable présidente du conseil régional d’Ile-de-France qui se bat tous les jours pour les transports du quotidien. Mais aussi Thierry Dallard, patron de la SGP et Stephan de Fay, directeur général de Grand Paris Aménagement, qui fut collaborateur de Christian Blanc puis chef du pôle Grand Paris dans mon cabinet ministériel. J’encourage leurs équipes qui réalisent un travail extraordinaire, et tous les élus, les acteurs économiques, sociaux, culturels et associatifs…
Le Grand Paris est un véritable collectif… Bel et heureux anniversaire à tous !
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